Raku

La céramique Raku

Le raku est le résultat d’une technique d’émaillage sur céramique. Elle prend ses origines en Corée et sera développée et institutionnalisée au Japon dès le XVIe siècle. La terre, l’air, le feu et l’eau s’expriment simultanément sous les contraintes de fabrication à travers le procédé de cuisson. Ces paramètres naturels entrant en scène sur les créations confèrent des résultats variant à l’infini et signent un objet unique.

Cette technique de  cuisson rapide oblige les pièces en terre à résister à de forts écarts de température, car extraits du four incandescentes. Elles peuvent être enfumées, trempées dans l’eau, brûlées ou laissées à l’air libre. Le « biscuitage » (durcissement) des œuvres s’opère entre 800 et 850°C, quant à la cuisson de l’émail (vernis coloré étanche), elle se situe entre 820 et 980°C, sur une courte durée de 1 à 2 heures. Les pièces façonnées par le choc thermique engendré par des variations de températures imprévues, selon les conditions météorologiques, passent ainsi de 900°C à 20°C et sont recouvertes immédiatement de combustible comme la sciure de bois puis enfermées dans un récipient étanche: c’est pendant cette étape d’enfumage qu’apparaissent les craquelures et les noirs « carbone » uniques de cette céramique.

 

raku

L’histoire nous enseigne que la féodalité de l’époque Sengoku au XVIe siècle a vu s’épanouir cette technique. La rencontre entre le potier japonais Chōjirō et le maître de thé no Sen Rikyū est à l’origine de l’invention dédiée à la fabrication des bols pour le thé. La technique s’est ensuite transmise au sein de la Famille Raku de génération en génération pendant près de 450 ans. La cérémonie du thé (chanoyu) s’apparente au courant zen bouddhique dont sont notamment issus des critères esthétiques de simplicité (kanso), d’irrégularité (funkinsei) et de naturel (shizen). Des concepts que l’on pourra retrouver dans les références contemporaines de simplicité du wabi-sabi, qui valorisent un retour à la nature originelle.

Le raku contemporain s’établit comme une adaptation des techniques asiatiques traditionnelles à l’art contemporain. Les versions occidentales développées à travers les effets accidentels procurés par enfumage n’ont jamais été appliquées au Japon.